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Hier c’était la fête des mères.
Et puis j’ai vu le post de Marie Sélène sur instagram. Et puis j’ai fait une grosse insomnie.
Et puis aussi j’ai vu l’épisode final de This is us et il m’a fait beaucoup réfléchir sur le sujet.
J’ai eu envie d’écrire sur ma vision de la maternité.
J’ai 35 ans et d’aussi loin que je me souvienne j’ai longtemps dit que je ne voulais pas d’enfant. J’ai fait partie de ces gosses qui disaient que plus tard je voulais un super travail et pas de gosse. J’avais envie d’être adulte, pas d’être mère.
Ma vie ressemble assez précisément à ce que je me souviens avoir imaginé à cette époque là. Travailler avec des papiers, être une femme indépendante et sans enfants.
Et puis j’ai été en couple quelque temps et il était clair qu’on voulait des enfants ensemble. Le deal c’était que ce serait lui le parent au foyer. J’étais toujours dans une optique d’avoir du temps pour ma carrière.
J’ai rapidementi compris que je ne voulais pas d’enfant à tout prix. Que je ne faisais pas partie de ces femmes qui veulent être mère. Moi je voulais éventuellement construire une famille, avoir un (des) enfant(s) avec l’homme que j’aime. J’en aurai si une personne me donnait envie d’en faire avec elle.
J’ai aussi réalisé que j’avais peur d'être mère. Plus précisément peur d’être une mauvaise mère, de transmettre mon anxiété et mon cerveau malade à mon enfant. Ce n'était pas envisageable.
Ce qui ne l’était pas et ne l’est toujours pas c’est de faire un enfant seule. J’ai pourtant un droit privilégié à la PMA avec mon endométriose. Mais il m’est inimaginable de faire un enfant en dehors du couple. Je sais, ça peut sembler très réactionnaire comme vision de la famille.
Simplement j’ai grandi sans papa et j’ai fait des années de thérapie. Si je peux éviter à mon enfant de souffrir d’un parent absent je le ferai. MJe trouve globalement assez égoïste de faire des choix qui impactent si profondément une personne qui n’est pas en mesure de donner son consentement. Mais chacun.e fait ce qui lui chante finalement. Et puis faire ou ne pas faire d’enfant, selon ta paroisse d’appartenance c’est égoïste il parait.
J’ai pourtant bien conscience que faire un enfant dans une vie de couple ne signifie pas forcément que l’autre parent sera présent.e.
Ca me fait venir à l’autre raison pour laquelle je ne veux pas faire un enfant seule : ma santé mentale.
Je me sens incapable d’avoir cette charge à gérer seule, tant en tant que mère célibataire que si j’étais en couple avec un énième mec qui pense qu’il aurait moins à s’investir que moi. Être en couple pour ne pas tout partager de façon équitable, dont la parentalité non merci, autant être solo dans ce cas là.
Je vois bien dans quel état de mal-être mental je suis quand je passe 48h solo avec mon neveu. Ne parler à aucun adulte pendant parfois plusieurs jours, avoir à peine 5 min de temps de cerveau pour soi dans la journée. Grappiller sur ses heures de sommeil pour en avoir un peu.
Je ne suis pas faite pour la maternité solo. C’est trop de sacrifices et un trop grand danger pour moi et par conséquent pour un éventuel enfant.
Mon envie aujourd’hui?
J’ai très envie d’être mère, de transmettre, de me lancer dans cette grande aventure. Mais seule c’est inenvisageable.
Et même si je n’étais pas seule, dans quel monde vivons-nous? Je supporte à peine les périodes de canicule et je voudrais faire vivre ça en pire à la personne que j’aimerais le plus au monde? Prendre le risque que sa santé mentale soit aussi fragile que la mienne et ne pas culpabiliser et m’inquiéter en permanence pour ça?
Je tire mon chapeau aux parents qui parviennent à ne pas se laisser habiter en permanence par leurs peurs. J’aimerais être ainsi mais je crois que je n’en suis pas capable. Pas la peine de me dire qu’une fois devant le fait accompli ça change. Je ne doute pas de la dose d’amour et d’instinct dans tout cela, je le touche du doigts avec mes neveux et ma nièce. Je les aime tellement que ça m’en serre le cœur et que ça me donne envie de chialer.
Mais je n’ai pas envie d’être une mauvaise mère.
Une mère qui transmet ses névroses
Une mère malheureuse de l’être
Une mère qui en veut au père de n’être pas plus présent.
Alors depuis quelques années je me fais à l’idée que ça n’arrivera sans doute jamais et que j’ai déjà la chance d’être tata. J’ai déjà cet amour inconditionnel là.
Le plus difficile est d’être en total accord avec cela, d’assumer que je ne vais pas crever de tristesse le jour où la maternité ne sera plus envisageable.
Le final de This is us m’a fait me questionner, est-ce que je suis ok pour ne créer aucune descendance, ne jamais rencontrer les enfants de mes enfants? Limiter ma famille à celles qu’ont créées mes sœurs.
J’en ai chialé à chaudes larmes. Mais je sais aussi que parfois les décisions difficiles sont les meilleures pour nous.
Pour préserver notre santé mentale mais aussi pour n’impliquer personne dans cet énorme risque qu’est celui de devoir vivre.