Enfin le beau temps
Je vais incroyablement bien.
Aujourd'hui une collègue m'a dit que j'avais bonne mine (elle m'a vue tomber en janvier)
Depuis bientôt 1 an avec mon psychiatre on a décidé de passer à un nouveau traitement : le thymorégulateur.
En 2020 après un énorme pétage de câble (le covid tu connais) exit le diagnostic de dépression chronique et bonjour le trouble de l'humeur. Bienvenue l'hypomanie* (définition en commentaire)
J'ai donc oscillé entre les phases dépressives , les phases euthymiques et les hypomaniaques. Il fallait sans cesse adapter mon traitement.
L'an passé j'ai exprimé l'envie de stabiliser les choses. Et puis j'ai commencé les régulateurs d'humeur. On essaie le Lamictal mais échec à 100mg. Migraine de 24h et angoisse de la moindre éruption cutanée de peur de déceder (un jour on parlera de mon obsession de la mort).
Pause, retour à la case antidépresseurs.
Et puis décembre, grosse hypomanie du fait d'un rythme effréné au travail. Ça s'est calmé pendant les congés de Noël. Et de retour au travail je n'étais plus capable de rien. Angoissée à l'idée de la moindre mission qui me faisait penser à la fin d'année. Mais impossible de dormir. Plus de 40 gouttes de Tercian pour espérer trouver le sommeil (mon dosage "Normal" est de 5/10 gouttes)
Et puis un conflit Avec une personne que j'aime et patatra.
Des jours au lit, 2 mois et demi d'arrêt, l'envie de mourir, les pleurs, les angoisses.
Et dans toute cette merde le retour des régulateurs d'humeur.
Le 1er n'ayant pas fonctionné on en essaie le Depakote. Je dois signer un formulaire indiquant que je suis sous contraception et que tomber enceinte serait catastrophique pour le fœtus.
Je persévère mais la vérité c'est que je suis atone. Je ne me reconnais plus, même au coeur de la dépression.
Alors on essaie Abilify. Impossible ca me donne des insomnies. Je dis à mon psy que j'arrête.
Au rdv suivant, je lui demande de retenter Lamictal. Malgré la migraine je ressentais calme et tempérance intérieure.
Banco on se lance.
La montée progressive (pour éviter de mourir d'une affection de la peau) se passe bien. Je suis apaisée. Je peux reprendre la travail (à mi-temps, merci la sécurité sociale, merci la gauche) et ça me fait du bien.
On augmente doucement, une nouvelle dose tous les 15 Jours.
Et puis je sens ma limite, alors on s'arrête à 100mg (au lieu des 150 visés par le psy). Je suis bien. Je navigue entre le boulot et le repos, avec des pincées de vie sociale.
Et puis la dissolution, les élections, les heures sur les réseaux sociaux, 7h devant le live de l'assemblée nationale.
Je flaire l'hypomanie mais je sens que je gère. J'en parle à mon psy (un merveilleux homme de gauche qui fait des blagues sur la sécu et les arrêts de travail et qui vote NFP) et on reste vigilants.
Je lui demande une dose supplémentaire si jamais je sens que ça monte trop.
Et puis les vacances d'été, 1 semaine à la maison pour commencer. La visite de ma soeur et du bébé le plus mignon de la terre.
Annecy, la montagne, la rando de la mort, le repos avec une douce amie.
Le retour à la maison et 20 jours de lune de miel avec moi-même. Une solitude que je n'ai jamais autant chéris.
Mais quand même je dors peu et tard. Je fais même une nuit blanche pour terminer un bouquin.
Bref le diagnostic est sans appel.
Alors je prends la dose complémentaire et je profite de cette énergie pour ranger, débarrasser, nettoyer. Je savoure cette énergie avec une petite dose de tercian le soir pour m'apaiser et aller me coucher.
J'ai passé je pense, les meilleures vacances depuis longtemps.
J'ai vu le psychiatre il y a 1 semaine. Tout est ok. Cette légère hausse d'énergie je la contrôle avec la chimie, je la surveille comme le lait sur le feu mais je l'aime.
Ma maison est mieux rangée, je passe moins de temps au lit, je lis et j'essaie de limiter le téléphone et le multitasking.
Alors je savoure de me sentir incroyablement bien. Je sais qu'avec ma pathologie ça risque de ne pas durer. En attendant je profite de n'avoir pas peur de la prochaine chute.
*L’hypomanie (littéralement, « sous-manie ») est un état psychiatrique caractérisé par un trouble de l'humeur, laquelle peut être irritable, excitée, persistante et omniprésente, ainsi que par des troubles de la pensée et des troubles de comportements concomitants. Un individu en état hypomaniaque possède en général un besoin moins important de dormir ou de se reposer, est très extraverti, très compétitif, et manifeste une énergie débordante. Contrairement à un accès maniaque, un épisode hypomaniaque peut être productif et ne présente pas de symptômes psychotiques.