Le sel

de la vie

Je n'ai jamais terminé le livre de Françoise Héritier, mais j'ai bien compris le principe. Il y a quelques mois, mon psychiatre à employer ces mots. Après une longue période de dépression.

Des mois au fond du gouffre, entre angoisse, tristesse, anxiolytiques et grosse dose d'antidépresseurs.

Et puis j'ai commencé à reprendre pied. Et j'ai compris que j'avais passé des mois en mode survie. Il n'y était pas question de sel, pas question de sens. Il fallait juste survivre, un jour après l'autre.

J'ai donc redonné du goût à ma vie, fait des sorties, des rencontres, j'ai essayé de vibrer. C'était drôlement chouette.

Et puis l'arrêt des antidépresseurs, l'anxiété à son climax, l'envie de crever…

Il a fallu se remettre dans ce mode survie. Continuer à aller bosser, socialiser (avec plaisir néanmoins), se coucher tôt, avoir une vie bien régler et ne surtout rien déranger.

J'ai du relancer le mode robot, me mettre en pilote automatique pour me protéger du trop-plein d'émotions.

Sauf que dans tout ça j'ai jeté une bombe dans un de mes points d'équilibre. Ma famille m'a tournée le dos. Je n'ai plus de nouvelles de mes neveux, plus de photos, plus d'appels vidéos tous les deux jours. Plus rien, silence radio. Une rupture bien sale.

Aujourd'hui je me retrouve à nouveau avec une vie sans sel. Une vie de survie, qui n'a plus de sens. L'amour de ma famille, voir grandir mes neveux et ma nièce. Tout cela me portait au quotidien.

Aujourd'hui il me faut remettre du sel dans ma vie et réparer mon coeur brisé. M'autoriser à être triste mais aussi à vibrer.

La dépression ce n'est pas seulement l'envie de disparaître, le fond du gouffre et le quota de cuillères au plus bas. C'est aussi l'instabilité, devoir réajuster en permanence, craindre la moindre des émotions.

La dépression c'est aussi avoir l'idée de ce texte et ne pas réussir à le finir correctement.

Je vous souhaite du sel et du piment.

Extension du domaine de la meuf

Extension du domaine de la meuf

Par Emilie Bee