Je sais pas

?

Je ne sais pas…

Si j’ai besoin de plus ou de moins de médicament.

Si j’ai retrouvé le goût du sel ou celui du repos.

Si j’ai envie de partager ma vie ou de combler ma solitude.

Si j’aime mon travail ou simplement l’idée que je m’en fais.

Si j’ai besoin de trouver du sens ou si trouver du plaisir pourrait suffire.

Si je me sens aimée ou si c’est l’amour que je porte aux autres qui me tient.

Mon esprit est en perpétuelles hésitation. En constante remise en question.

J’ai le sentiment de ne jamais savoir ce qui est bon pour moi. Je demande toujours conseil, confirmation. Alors que la plupart du temps cette confirmation est ce que j’avais en tête depuis le départ.

Je n’ai pas suffisamment d’estime de moi pour être sûre, sans avoir à demander. Et pourtant j’ai gagné tant d’estime déjà, tant d’amour pour moi-même.

Parfois je me demande si un jour la thérapie me permettra d’être totalement construite. En tous cas plus autant détruite.

En 2020 j’ai décidé que j’avais terminé mon analyse. J’avais la certitude que j’étais arrivée au bout de ce travail. J’étais venue dans ce cabinet car j’allais mal, la vie quotidienne était une épreuve, j’étais emplie de colère et de peine. Pour moi j’avais réglé tout cela. Et je crois que c’était vraiment le cas. Je savais alors supporter le quotidien, ma colère s’était évaporée, j’avais retrouvé du lien avec ma famille, de la stabilité dans ma vie professionnelle. Une grande réussite, une telle avancée!

Et puis une pandémie nous est tombée sur la gueule. Un nouveau boulot qui ne me correspondait pas. Une hiérarchie pas super bienveillante. Et tout s’est à nouveau écroulé. Pendant des mois.

Je sais que le travail fait pendant ces 5 ans d’analyse n’est pas perdu, que je ne repars pas de zéro. Et pourtant j’ai l’impression de n’être que fragilité, douleur de vivre et peurs en tous genre.

Ma nouvelle thérapie me donne le sentiment de repartir de loin.

L’arrêt momentané des antidépresseurs a fait remonter à la surface tant de problématiques, tant de peine, tant de haine à mon égard. Mon reflet dans le miroir est devenu un problème, mon poids une obsession, ma famille une bombe à retardement.

Je suis lasse d’avoir besoin, encore. Lasse que 5 ans n’aient pas suffit. Lasse d’être née et d’avoir grandi dans une famille si abimée. Une famille qui préfère rester dans la cocotte minute que de laisser l’air se libérer, les schémas ne plus se répéter. Qui ne comprend pas je suis ainsi et que c’est l’amour qui me porte, rien d’autre.

Et en même temps c’est tellement intéressant de continuer à apprendre à se connaitre. C’est si précieux ces moments où je ne peux parler que de moi sans culpabilité.

Néanmoins j’espère un jour être guérie de cette douleur de vivre, d’être née.

Extension du domaine de la meuf

Extension du domaine de la meuf

Par Emilie Bee