Journal de bord

#3

Aujourd’hui j’ai 2 sujets en tête : les ruptures amicales et le trouble de l’humeur.

Je crois que je vais commencer par le second, qui est un peu moins douloureux. Mais aussi un peu moins réel.

Je n’ai pas eu spécialement de signes de ce trouble avant 2020. Je n’étais alors que dépressive. Je n’ai pas souvenir de phases up, pas de phases marquantes.

Mais est-ce que les cuites à outrance et ses black out, les multiples partenaires sexuels et ces périodes suivie de temps de jachère n’étaient pas un signe?

Est-ce que ma capacité à repérer les personnes bipolaires n’en était pas un autre?

Ou alors ce trouble s’est véritablement révélé chez moi avec la confinement alors qu’il était en latence auparavant.

J’ai toujours pensé que je ne pouvais pas être bipolaire tant mes phases down étaient puissantes sans phases up particulièrement marquantes.

Mais en fait il y a autant de trouble de l’humeur que de personne. Je peux avoir des phases up plutôt hypo que totalement maniaques et donc ne pas voir de grand écart.

Ce sujet est encore très mystérieux pour moi. Je tâtonne beaucoup quant à mes phases puisque je découvre à peine (3 ans) les fluctuations du traitement, l’humeur rarement égale. C’est difficile à appréhender, surtout quand on a du mal à croire qu’on est vraiment touchée par cette question. Surtout quand on veut rester “juste” dépressive et donc qu’on se met en mode autruche. Oubliant que le psy a déjà dit que le médicament n’était qu’un révélateur.

Je suis une personne qui aime comprendre. J’aime pouvoir analyser avec des éléments cartésiens, des données, des diagnostiques et des exemples. Et là je suis paumée face à la chimie fluctuante et incertaine de mon cerveau.

Ici je suis seule avec mon exemple car celui de mon voisin est tout autre, pas tout à fait le même.

Je crois qu’une des galères communes quand on a un trouble de l’humeur c’est de trouver le bon traitement, le bon dosage. Bref le bon équilibre dans un cerveau qui n’a pas ce référentiel.

J’ai noté des questions que je veux poser à mon psychiatre à notre prochain rdv. Des questions que j’ai peut être déjà posé. Que je pose peut être à nouveau dans l’espoir d’une réponse qui me conviennent. Dans le doute d’un diagnostic qui n’est en fait pas le bon, qui cache autre chose.

Je suis perdue au milieu de la chimie cérébrale, des divers troubles plus ou moins mis en avant, de mon divers autodiag.

Parfois j’ai envie d’aller voir un.e autre psychiatre pour avoir un diagnostique différentiel. Parfois je me dis que je masque trop, que je ne permets pas à mon psy de faire son diagnostique correctement.

Et puis souvent j’aimerais juste être “normale”, avoir une chimie “normale”, une existence “normale”, un équilibre “normal”.

Je rêve, je rêve.

...

Extension du domaine de la meuf

Extension du domaine de la meuf

Par Emilie Bee