J'ai tendance à penser qu'on a toustes une histoire qui nous marque plus que les autres. Qui nous transforme, nous détruit et nous donne l'assurance qu'on se remettra de tout désormais.
Novembre 2012.
On se rencontre sur adopte un mec. Vers 2h du mat.
Hormis le fait que je n’arrive pas à dormir je ne sais pas trop ce qui me pousse à parler à un mec qui vit à Paris. Mais j’ai du temps à tuer.
Il a tout de suite trouvé l’accroche pour me faire rire.
On a parlé jusqu’à 6h. Dormi quelques heures, puis reparlé jusqu’à 6h.
On s’en envoyé des photos en sous-vêtements alors que j'avais jamais fait ça, je m’étais dit que de toutes façons vue la distance...
Il ne m’a pas trouvée si grosse que j’avais l’air de le dire.
J’ai trouvé qu’il lui manquait un abdo. Mais j’ai quand même fait les youyou dans ma tête.
Je lui demande son numéro. Et on continue à se parler toute la nuit.
Il m’a déjà dit que chez lui on était plus Hannouka que Noel.
Je discute avec un autre mec charmant en parallèle mais c’est à lui quand je pense. A lui que j’ai envie de parler en permanence.
Je prends le taureau par les cornes. Il faut qu’on se voit.
On ne peut pas continuer à entretenir quelque chose d’aussi intense sans en vérifier la véracité dans le réel. On peut pas prendre le risque de passer à côte de nos vies pour un truc qui n’est peut être qu’un fantasme.
Au début il est pas chaud.
Mais depuis le début je la joue fine.
Je ne suis pas dans la séduction. Je suis juste moi. Et je ne le force pas.
J’ai compris qu’on pouvait pas forcer quelqu'un. Qu’il fallait que je le laisse venir.
Il a fini par prendre un billet de train.
On a fantasmé sur ce we pendant une dizaine de jours avant d’y arriver.
Il était pas forcément question de sexe. J’avais juste réclamé des câlins.
La veille de son arrivée j’avais du dormir 2h.
Au départ j’étais timide, mais heureusement il ne l’était pas.
Tout a été simple, évidement.
Tout était magique.
J’ai juste posé ma tête sur son épaule en réclamant un câlin. On s’est pas quitté pendant 4 jours après ça.
On ne s’est pas sauté dessus. On a pris notre temps. Enfin quelques heures quoi.
On n’a fait que s’embrasser pendant les 30 premières minutes.
Pas besoin de beaucoup de détails.
C’était pas parfait en plus. Notre première fois a été un peu chaotique.
Le weekend en lui-même l’a été si on prend en compte le fait qu’on a réussi l’exploit de pleurer chacun à notre tour en 4 jours.
Mais on était dans une bulle.
Une bulle où on n’avait pas de tabou, où on aurait dit qu’on se connaissait depuis des années, où on pouvait pas s’empêcher de se tenir la main même pour manger.
C’était le we du 8 décembre. Je m’en souviens car c’était la date d’anniversaire de rencontre avec Hugues. La date des jolies histoires.
Il s’était trompé sur l’horaire du train, on a donc eu un bonus de 2h. De la magie toujours.
A la gare il est sorti de la voiture, pour pas se faire un au revoir déchirant. Il est parti sans m’embrasser.
Mais on n’avait toujours pas d’avenir lui et moi. Je ne serai jamais ce qu’il aurait fallu que je sois.
J’ai voulu tout arrêter. Me dire que c’était un we sans avenir et qu’on devait pas se faire souffrir.
Il m’a convaincue de rester. D’en profiter.
Il allait revenir. Il allait rester 3 semaines presque.
Pendant mon anniversaire.
On a donc continué à se parler 18h/24.
De décembre à mi janvier.
Tous les jours ou presque.
Sans se lasser.
Sans pouvoir se dire qu’on s’aimait.
J’en parlais à tout le monde. J’avais rencontré quelqu'un, enfin.
Il était beau en plus. J’étais fière.
Je pensais que les sentiments finiraient par abaisser la barrière de la religion.
Sujet de discorde entre nous. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas cette confusion entre vouloir et pouvoir.
Un jour je lui ai raconté que j’avais failli rentrer avec un mec. Ivre morte. Et puis j’étais partie comme une voleuse. Pour pas craquer. Il m’avait engueulée. Il me disait que j’aurais du le faire. Qu’on n’était pas ensemble. Qu’on n’avait pas d’avenir. Même s’il arrivait bientôt pour 3 semaines.
Je lui avais parlé de conversion aussi. Il refusait d’aborder le sujet. Si je faisais ça il me quittait.
Et puis un jour je sais pas comment, je sentais qu’il allait pas bien. Il m’a juste dit qu’il savait pas comment il allait réagir en me voyant.
C’était le mercredi ou le jeudi. Il devait arriver le samedi.
Et là j’ai plus du tout était raisonnable. Je l’ai pas laissé venir à son rythme.
Je lui ai juste dit de pas venir. Et puis je l’ai supplié de venir me parler en face.
Et j’ai essayé de comprendre, de comprendre pourquoi alors qu’on devait pas s’engager il venait plus car il n’avait plus autant de sentiments qu’avant, pourquoi ça l’empêchait de coucher avec moi.
J’ai de nouveau essayé d’expliquer l’irrationnel.
J’en suis devenue insupportable.
Et lui n’est jamais venu, me montrer que son regard avait changé, pour que je comprenne.
Ce fut de longs mois à continuer à se parler. A s’insulter. A essayer de le récupérer.
Aux dernières nouvelles, aout, il allait partir pour Bruxelles, faire son école d’actuaire. Il était content que j’aille bien mais il voulait toujours pas m’accorder un café.
Édit 2022 : Je n'ai plus jamais eu de nouvelles de ce garçon. J’y pense parfois. J'ai même retrouvé des photos de lui il y a quelques années.
J'ai mis des mois à arrêter de pleurer. Des années à ne plus associer l'amour à la souffrance.
J'ai voulu publier ce texte ce soir car en lisant j'ai encore eu envie de chialer. L'histoire la plus marquante pour 4 jours de nos vies passés ensemble.