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Réconfort/Les bras
Longtemps j’ai cru que le refuge que constituaient les bras d’un homme effacerait ma tristesse.
Je me souviens encore du jour où j’ai fait face à cette réalité.
J’avais entre 9 et 12 ans, des rapports déjà difficiles avec ma mère et je pleurais pour la énième fois suite à une dispute.
Partie me réfugier dans la salle de bain de ma grand-mère, je pleurais à chaudes larmes, la peine collée au ventre, quand mon oncle est entré. Il m’a prise dans ses bras, et là … une bouffée de bien-être et de réconfort, j’oubliais tout !
Ça a dû me marquer suffisamment pour que j’y crois dur comme fer. Pour mille raisons que je n’ai pas déterminées en analyse, j’ai peu de souvenirs marquants de mon enfant. Mais celui-ci m’imprègne encore aujourd’hui.
C’est d’ailleurs toujours le cas, rien ne me réconforte plus que les bras d’un homme. Plus ils me serrent fort, plus j’ai le sentiment qu’ils sont en train de réparer ce qui est brisé en moi. Cependant, je n’y vois plus LA solution, mais le moyen plutôt que la fin. En effet, la chaleur d’un homme me soulage, je connais peu de choses aussi agréable que de s’abandonner contre une épaule.
Mais le bonheur, (attention cliché incoming) c’est MOI, ma construction, mon travail.
Mais comment en suis-je arrivée là?
Certainement pas en douceur ni sans encombres!
13 ans, mon premier baiser. Bof.
16 ans, les premiers préliminaires. Bof, encore.
17 ans, je suis déjà une éternelle célibataire, pas de succès auprès des garçons. Je tombe amoureuse de mon meilleur ami, comme ça, en un regard qui n’était pas le même que les milliers précédents. Je rêve d’être dans ses bras, ça arrive parfois, d’ailleurs. Nous fêtons nos 18 ans ensemble, on s’endort côte à côte, chacun de son côté.
Quelques mois plus tard, on fête le bac, on escalade la grille de la piscine municipale pour aller se baigner en pleine nuit. On se jette à l’eau tout habillé, il fait assez froid. Il a quelqu’un depuis peu. Je le vis mal. Je me sens trahie. Mais je reste son amie.
Il s’approche de moi, met ses bras autour de mes épaules, et me coule, en plongeant avec moi. Il m’avouera quelques jours plus tard qu’il avait eu envie de m’embrasser, et qu’il n’a pas su se contrôler d’une autre façon. Ce moment reste d’une intensité intacte à ce jour.
Je suis malheureuse, je pense ne plus jamais aimer, ne jamais m’en remettre. Je passe des nuits à écrire à son propos dans mon premier studio d’étudiante, pendant qu’il vit son histoire d’amour.
19 ans, je rencontre J. Il m’invite à l’amour intime, celui du corps. Naturellement, tendrement… Ses bras sont là. Puis plus. Puis de nouveau. Puis plus. Puis…
Et toujours dans cette solitude je rêve du grand amour, celui dont les bras feront mon bonheur et en seront l’unique source.
Et puis C. Et puis H…
H et ses bras qui plaquent tout les week end. Ces bras toujours prêts. Ces bras qui finiront par m’aimer, m’adoucir, mais jamais me guérir…
H c’est le 1er qui me dira qu’il m’aime, avec qui je vivrai l’amour, partagé, officiel, sans honte et en songeant à l’avenir.
Je me souviens de son premier “je t’aime” qui m’émeut encore aujourd’hui. Nous étions dans sa maison de campagne, il y avait une fête et 15 personnes autour de nous. Moi sur ses genoux, comme très souvent. Et là dans mon oreille “je t’aime ma chérie.”
Tant d’émotions en cet instant, A partir duquel je n’ai retenu aucun “je t’aime”. Je voulais qu’il sache, tant que le sentiment existait. Sans limite, sans censure..
Vu de l’extérieur, j’avais tout pour être heureuse, un mec engagé, qui assumait m’aimer, qui vivait même avec moi.
Et pourtant je ne l’étais pas. J’ai été triste à vouloir en crever.
Tout mon monde s’est effondré le jour où j’ai pris conscience qu’aimer, qu’être dans les bras d’un homme, même de façon durable, n’allait pas me guérir. JAMAIS.
J’ai commencé une thérapie, vu une psy, deux psy, puis une qui semblait me convenir, enfin. Je me sentais prête à aller mieux. A ne plus être un poids pour mon couple et à trouver ce bonheur en moi-même tout en profitant de ses bras.
C’était sans compter sur le fait qu’il réalise qu’il ne m’aimait plus PILE à ce moment-là.
Les mois qui suivirent furent remplis de deuils, de bonheurs intenses, de révélations. Les années se sont succédé, dans la douleur, l’anesthésie, les pleurs, l’espoir, mais j’ai toujours en tête qu’aucun bras d’homme ne me sauveront.
Sauf peut-être ceux de mon père.. ce grand inconnu...