Brève de thérapie
Dans ma nouvelle thérapie je crois que la clé de tout c'est de réaliser tout ce que j'ai normalisé. Prendre conscience des trauma que j'ai subi afin de les évacuer, d'apprendre à vivre sans plutôt qu'à réagir selon.
L'humain normalise pour survivre, ne pas péter un câble, ne pas imploser, ne pas se foutre en l'air.
J'ai normalisé de vivre sans père.
Normalisé que ma mère change quand j'ai eu 7 ans et demi.
Normalisé de faire comme si je ne savais pas qu'elle était battue.
Normalisé qu'elle fasse passer cet homme avant tout, lui acheter des bagues en or et des billets d'avion plutôt que nous payer des vacances.
Normalisé les accès de violence de mon beau-père à l'égard des membres de ma famille, en faisant des anecdotes.
Normalisé ma mère qui nous disait qu'elle allait le quitter et ne le faisait jamais.
Normalisé le fait de ne plus vouloir en entendre parler et la laisser dans sa vie violente.
Normalisé de me sentir moins aimée que ma grande soeur.
Normalisé les engueulades.
Normalisé un cousin violeur et une tante complice.
Normalisé ma culpabilité de n'avoir rien vu ni pu sauver une des victimes.
Normalisé d'avoir envie de lui reparler, d'avoir chialé quand il est allé en prison, de l'avoir aimé car j'ai grandi avec lui.
Normalisé le frigo vide, le fait de devoir demander aux parents des copines d'assurer mes déplacements, le fait de couper les ponts avec mon seul parent, de me faire traiter de folle par l'intégralité de ma famille, d'être celle à qui on tourne le dos avec une facilité déconcertante.
Et puis j'ai normalisé le fait d'être mal traitée par un homme, les mensonges, les tromperies, la lâcheté, le ghosting, le manque d'intérêt, être prise de haut, pour une idiote, une féministe extrémiste, une meuf pas drôle.
J'ai normalisé le fait d'être là méchante du couple car je voulais passer avant la fête, le rugby et les potes.
J'ai normalisé d'être celle avec qui ont trompe, celle qu'on ne respecte pas (respecte-t-on vraiment l'autre ?).
J'ai normalisé d'être un corps, de faire du sexe mécaniquement, de ne pas jouir, que me faire jouir ne soit pas une priorité ni une option, le sexe ivre morte, les bribes de souvenirs.
J'ai normalisé la violence, les claques dans le dos, de me faire plaquer au sol par les poignets, et le coup. Normalisé qu'on me dise que je l'avais provoqué.
J'ai normalisé le fait de céder pour être tranquille. Je n'ai jamais voulu appeler ça du viol.
Et ça a recommencé, 2 fois, 3 fois (et peut être d'autres dont je ne me souviens pas).
J'ai normalisé que si je couchais le 1er soir je ne serai jamais envisagée comme une relation sérieuse.
Normalisé qu'il fallait que je m'adapte pour être appréciée, que je m'adoucisse.
Normalisé que ma mère avait raison je ne me caserai jamais car je suis une chaudasse...
Il y a sans doute encore plein de choses que j'ai normalisé, mais la plus importante c'est celle de n'avoir pas vécu de graves traumatismes. Alors que cette liste en est remplie.