Extension du domaine de la meuf

Feminisme et chouineries

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Par Emilie Bee
13 juil. · 1 mn à lire
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Bribes

Souvenirs souvenirs

Une de mes soeurs semble avoir des souvenirs en pagaille, toujours à nous rappeler tel ou tel événement.

Pendant ce temps, j’ai l’impression de n’avoir que des flash, surtout jusqu’à l’adolescence.

On entend parfois dire que le cerveau efface la mémoire quand elle est traumatique. Si j’ai aujourd’hui conscience d’avoir vécu des choses difficiles, je n’ai toujours pas le sentiment d’avoir eu une enfance traumatique. Au point d’en oublier la majeure partie en tous cas.

J’ignore si c’est commun de n’avoir que ces flash, ces bribes qui ne se déroulent pas comme dans un film mais sont plutôt des Polaroïd. Et puis j’ai aussi l’impression qu’ils sont parfois inventés, comme s’ils étaient les souvenirs d’une autre. Comme si je visualisait par exemple ce que ma mère a pu me dire plutôt que ce qui est vraiment arrivé. Comme s’il y avait une bonne façon de se souvenir, une vérité absolu et que le reste n’étaient que de faux souvenirs.

Dans le cadre de ma thérapie j’ai dû établir une ligne de vie. Il s’agit d’établir une liste anté chronologique d’un souvenir par an, d’aussi loin qu’on s’en souvienne. Le dernier que j’ai date de mes 4 ans (ou 5 ans) : j’ai apporté une tarte à l’orange à la maternelle. Je me souviens que la maitresse s’appelait Dhalia, que je vivais dans le Sud, peut être à Carnon, et pas grand chose de plus. De cette époque je me souviens aussi d’avoir marché dans une flaque d’eau et qu’il s’agissait en fait d’un nid de poule. Ce qui a ravi ma mère et participé à me forger une réputation de Miss Catastrophe (ou de Mimi Cracra) qui m’a longtemps suivie.

J’ai donc réussi à trouver 1 ou 2 souvenirs de chacune de mes années de vie entre aujourd’hui et mes 4 ans. Alors que je ne m’en croyais pas capable, que je pensais n’avoir que peu de souvenirs, pas autant que les autres en fait. Toujours à me comparer…

Et puis désormais se fait l’envie de creuser un peu plus, d’en trouver d’autres (j’en parle dans ce post Instagram), d’explorer plus en profondeur ceux qui me reviennent, ceux que j’ai listé dans ma ligne de vie.

Et puis en même temps je sens que j’ai peur, que je repousse l’idée, sous prétexte de fatigue, de plaisirs immédiats, de mieux à faire. Et puis parfois j’oublie cette envie.

J’ai tendance à penser que ce qu’on ne creuse pas est moins risqué que ce qu’on peut découvrir. Par exemple j’ai toujours dit que je ne voulais pas retrouver mon père car j’avais plus peur d’aller mal si ça arrivait qu’actuellement.

Mais dans ce cas précis dois-je écouter des appréhensions et me dire qu’elles me protègent ou écouter la curiosité?